De la passion à l’élevage

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19 Oct, 2016

De la passion à l’élevage

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Mais que diable s’est-il passé dans ma tête pour qu’un jour je me retrouve à trente ans avec trois compagnons et un élevage ? Comment une jeune (si si, à trente ans on est jeune, malgré ce que peuvent dire mes ados d’élèves) femme active se retrouve-t-elle avec un hobby communément associés aux « vieux » (pardonnez-moi chers amis éleveurs, c’est la faute aux idées reçues !) ? Et, par-dessus le marché, pourquoi un nom pareil tout droit sorti d’une évidente régression psychanalytique à l’enfance ?

Sans rentrer dans un pathétique et certainement très ennuyeux récit de ma vie, celle-ci m’a propulsée à vingt-sept ans avec un gentil joli chat « européen » – un gouttière donc, mais ça fait trop péjoratif alors on enjolive – une relation amoureuse sur le déclin et une voisine éleveuse de norvégien. Un des moments fatidiques c’est quand ladite voisine vous propose de venir voir les derniers nés des chatons. On a beau se dire que notre chat c’est le plus merveilleux et qu’au moins, lui, il était gratuit, quand on se retrouve avec vingt mini-pattes qui essayent maladroitement de courir et vous grimper dessus et qu’en plus y en a un qui s’appelle Yoshi, ben on est piégé et c’est trop tard, on est tombé amoureux. J’ai bien tenté de résister à l’époque. Ça n’a pas duré bien longtemps et six mois plus tard je me retrouvais célibataire, avec mon gentil joli européen et quatre mini-pattes touffues de norvégien.

Et c’est à ce moment que je suis entrée dans la seconde phase: découverte du monde de l’élevage. La voisine, toujours la même, m’a entraînée à ma première exposition féline. Cette expérience dans une autre dimension, décrite dans un prochain article, a éveillé ma curiosité et a, malgré moi, permis d’entamer la phase suivante. Celle-ci a bien duré deux ans. Je vous l’épargne, surtout la partie remise en cause et questions existentielles sur le sens de la vie et du célibat (que c’est commun et ennuyeux !). Petit à petit l’idée a fait son entrée, prenant tantôt la forme de soirées entières à faire des plans complets et des budgets, tantôt des discussions enflammées sur les noms d’élevage avec mon entourage. J’ai par moment laissé l’idée de côté «Je vais quand même pas finir « vieille à chat » !» ou «Y a suffisamment d’élevage comme ça !» et parfois «Et si mon âme-sœur est allergique aux chats ?». À force de discussions avec des éleveurs, de recherches et lectures sur la génétique des couleurs, les maladies félines et la nutrition, le projet commençait à prendre forme.

Pour le concrétiser je passais à la quatrième phase: recherche de ma première reproductrice. J’ai d’abord défini quels étaient mes objectifs en terme d’élevage, afin d’orienter mon choix sur des femelles issues de lignées pas trop communes mais aussi « solides » niveau santé, possédant prioritairement une bonne qualité de poil, un triangle bien défini au niveau de la tête et une expression assez typée. Ce ne sont pas là les seuls critères qui font un « bon » norvégien, mais il s’agissait pour moi des éléments essentiels sur lesquels je voulais orienter mon élevage. Après une petite déception autour d’une femelle incroyable que j’avais découvert en France (et mille kilomètres aller-retour en deux jours pour la voir), chez qui on a malheureusement découvert une petite anomalie au niveau de la queue (rédhibitoire en élevage), j’ai enfin trouvé ma perle rare: Brudelys Times av Snofjord (et bien plus près de chez moi !).

Il ne manquait alors au tableau plus que l’officialisation de tout ça. Pour entamer la phase administrative, il fallait que je me décide (enfin) pour un nom d’élevage. «Tu aimes le jazz, les chats : vas-y pour Jazzcat !», «Mais non, tu habites dans un loft, choisis loft chat !», «Ben non, les norvégiens c’est Thor, tu dois mettre le mot Thor dedans !» (merci Sophie), «Pourquoi pas av Bugoynes ?» (dixit mon frère parce que c’est un village norvégien où il est allé (se perdre?)). Bref, j’étais noyée sous les propositions des plus farfelues aux plus réfléchies. Je ne me souviens plus exactement comment Once upon a cat m’est venu, mais ça me plaisait. D’une part l’enfant hystérique en moi («disneeeeeeeeeey !!! ») était comblée et d’autre part cela collait bien à l’histoire de l’élevage (il était une fois un chat, deux chats, trois chats). L’histoire ne dit pas encore si ça finit par « ils se marièrent et eurent beaucoup de chatons », mais ça commence bien ! On attend les premiers chatons avec une impatience à peine dissimulée. D’ici là je me réjouis de continuer à écrire cette histoire !

Voilà donc comment on se retrouve avec un fil d’actualité facebook constitué a 90% de photos de chats, avec des élèves qui te prennent pour une « vieille à chats » parce que tu n’as pas pensé à changer ton fond d’écran quand tu présentes ton cours avec ton iPad et avec des cadeaux qui ont très souvent pour thème, forme ou impression un chat «parce que t’aimes bien les chats, non ?». Mais qu’est-ce que ça peut bien te faire quand tu réalises que t’es heureuse avec tes compagnons, que tu crées plein d’amitiés, que tu rends des gens et des chatons heureux et que t’es fière de contribuer à maintenir une incroyable race ?

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