Kawa est moi c’est une grande histoire d’Amour. Parce que c’est mon premier chat, parce qu’il m’a suivi dans toutes mes aventures et tous mes déménagements, parce que c’est le plus câlin de tous les chats, parce que c’est lui qui venait me consoler quand j’étais triste et parce que ça ne s’explique pas.

Perdre un chat c’est quelque chose de particulier. Je ne l’avais jamais vécu. C’est relativement difficile à vivre dans la mesure où beaucoup ne comprennent pas cette douleur ou la relativisent. « Ce n’est qu’un chat ». Quelle douloureuse phrase que celle-ci. C’est un chat, oui, mais un membre à part entière de la famille. Lorsqu’on vit seul, c’est le seul être que l’on voit tous les soirs en se couchant, qui nous attend impatient tous les jours quand on rentre, que l’on voit chaque matin au réveil, qui vient à nous quand on est triste. C’est comme un enfant car on est responsable de lui. Il a besoin de nous pour vivre. Et il fait partie de notre quotidien. Tous les jours on lui parle, tous les jours on le cajole, tous les jours on passe du temps ensemble. Donc non, ce n’est pas « qu’un chat ».

Le remord vous ronge aussi. Et si j’avais passé plus de temps avec lui ? Et si j’avais réagi plus vite ? Et si j’avais fait d’autres choix ? Ca ne sert à rien de culpabiliser. Mais on est responsable de ce petit être. Kawa n’a toujours aimé que ses croquettes. Alors que je passais les autres au cru, je lui ai choisi des croquettes sans graines, qu’il aimait moins. Il perdait son embonpoint et je m’en réjouissais. Si seulement j’avais su que ça déclencherait cette maladie. Je ne peux m’empêcher d’y penser.

Le weekend précédent j’avais commencé un petit shooting des chatons. J’en ai profité pour prendre quelques prises des grands aussi. Il n’y avait pas Kawa. Je ne l’ai pas pris en photo. Il n’est pas venu et je me disais qu’on referai de toute façon une autre session. Si seulement j’avais su. Les choses sont ainsi, on ne peut pas les changer. Cela ne sert à rien de ruminer. Mais donc non, ce n’est pas qu’un chat. C’est un réel deuil.

 

Je ne peux pas me coucher sans pleurer toutes les larmes de mon corps. Non seulement parce que je ne l’entends plus courir à moi, que je ne sens plus son corps si doux dans mes bras, mais aussi parce qu’il est mort là, sur ces draps et que les images de son petit corps sans vie me rongent.

J’aimerais occulter les images de cette dernière semaine, mais elles me sautent à la figure. Celles de quand je l’ai amené pour un contrôle lundi, quand il me regardait sans comprendre. Celles de la journée passée à son chevet, dans cette salle froide du véterinaire, avec sa sonde qui lui sortait du cou et la perfusion sur sa petite patte. Celles lorsque Yumiko est venu lui donner son sang, où ils ont pu être l’un avec l’autre une dernière fois. Celles quand je l’ai ramené mercredi soir à la maison, allongé dans son petit parc, avec ses petites bandes et toujours sa sonde. Les images de sa patte dans ma main lors de sa dernière nuit. Celles du dernier repas que je lui ai donné par sa sonde. Ce son horrible de douleur qu’il a poussé avant que je ne parte au travail. Les images enfin de son corps rigidifié, les yeux grands ouverts, sans vie, sur mon lit quand je suis rentrée du travail. Celles enfin de l’heure passée contre son corps froid à pleurer, allongée à ses côtés, puis à l’emballer dans une petite couverture, à le tenir contre moi tout en m’effondrant et en hurlant de douleur, puis notre dernier adieu, ma dernière caresse lorsque je l’ai laissé chez le vétérinaire.

Non, ce n’est pas qu’un chat.

Je lui ai installé un petit mémorial, avec des photos, l’emprunte de sa patte, son petit bandage et son jouet à lui. Certains me trouveront ridicules. Ceux qui vivent avec un chat me comprendront.

 

 

 

 

A côté des gens qui ne comprennent pas, il y a tous ceux que j’aimerais remercier. Qui m’ont soutenu et conseillé durant le combat, et tous ceux qui m’ont écrit, qui ont partagé ma douleur et qui m’ont fait comprendre qu’eux savaient que ce n’était pas qu’un chat. Merci à vous tous pour vos mots.

Kawa, merci pour ces six ans d’amour inconditionnel, merci d’avoir lutté pour m’offrir cette dernière nuit. Sois libre, mon étoile qui veille désormais sur nous. Je t’aime, mon chat.